Le mot du metteur en scène.
Grâce à l’amitié, la volonté a convaincu le génie !
Il s’agit moins de mettre en lumière deux monuments de l’Histoire que deux cœurs battants. Clemenceau et Monet qui, sous leurs masques de pouvoir, artistique et politique, sont confondus dans leurs sentiments l’un vers l’autre, dans l’impossibilité souvent de les formuler, dans la difficulté de pouvoir les gérer au point de se laisser submerger. Monet c’est l’artiste, le vrai, qui n’a aucune arrogance et qui se permet de douter quand sa vue se trouble. C’est un cabochard, mais il reste un ami, le vrai aussi. C’est la force tranquille qui a l’humilité de faiblir, sauf si l’amitié est en péril. De la tendresse qu’éprouve Clemenceau pour sa cuisinière Clotilde qu’il malmène et rudoie, de l’amour qu’il porte à Marguerite avec tout l’embarras de le lui avouer, il n’en devient que plus tendre, sensible et ridicule en voulant cacher sa faiblesse. J’ai voulu travailler là-dessus, oubliant un peu la bête politique qui gouverna la France aux pires heures de son Histoire. C’est le cœur d’un homme, que seule la raison mène, et qui par orgueil, souffre de ne pouvoir dire simplement qu’il aime. Voilà ce qui m’a plu de porter à la scène. Pas de mélo, mais du rire et de la vérité (…historique peut-être).

La colère du tigre nous plonge dans l’intimité d’une amitié indéfectible entre un grand artiste et un grand homme d’Etat. Nous regardons par un trou de serrure la réalisation d’une œuvre majeure de l’histoire de la peinture et aussi, une histoire d’amour improbable. Philippe Madral, scénarise cette anecdote délicieusement drôle et riche de scènes hautes en couleurs entre de « vieux gosses ».
En 1920, Georges Clemenceau (surnommé « le tigre »), a obtenu de l’Académie des Beaux-arts l’autorisation de transformer le musée de l’Orangerie, à Paris, pour y installer les Nymphéas de Claude Monet, son ami de 60 ans et peintre reconnu. Ce dernier avait promis d’offrir cette œuvre gigantesque à la France, au lendemain de l’armistice du 11 novembre 1918. A 83 ans, guetté par la cécité, il retarde par trois fois la date d’inauguration. Sa cataracte altère les couleurs, et il menace d’abandonner l’achèvement de ses toiles…, pire ! il détruit le dernier tableau qu’il a fait.
Clemenceau invite Monet dans sa « bicoque de pêcheur » vendéenne qu’il occupe avec sa cuisinière, Clotilde. Il compte bien le remettre au travail. D’altercations en confidences amoureuses, d’humour caustique en duel à la canne, une explication aussi orageuse que cocasse va se dérouler en présence de Marguerite Baldensperger, l’éditrice de Clemenceau, une femme de plus de 30 ans sa cadette, à qui le vieux « Tigre » voue une passion dévorante et finira par se résoudre à déclarer sa flamme… qui sera réciproque et loin d’être platonique.
C’est il y a bientôt 100 ans. Claude Monet décède en 1926 et les Nymphéas sont inaugurées en 1927.

Claude Monet (1840-1926), qualifié un jour par un critique d’art d’ « impressionniste », est le seul peintre conceptuel du mouvement qu’il incarnera. A 50 ans, grâce à son succès, il établit le sujet même de sa peinture avec son jardin à Giverny. Inspiré par l’étang qu’il a lui-même créé, ce sera son apogée, il peint une série de 250 toiles : Les Nymphéas. A Paris, à l’ouest du jardin des Tuileries, le musée de l’Orangerie abrite en son sous-sol, huit toiles de deux mètres de haut sur quatorze de long. Généreux, aussi républicain et ronchon que son ami, Monet est un peintre de l’impossible, par sa capacité à saisir les fluctuations de la lumière en instantané.
Georges Clemenceau (1841-1929), figure historique et mythique de la IIIe République française est surnommé « le Tigre » (dont les Brigades sont bien connues), il est connu pour ses réparties assassines et ses actions journalistiques et politiques. Républicain et laïc, en 1917, il va soutenir « les poilus » dans les tranchées et botter les fesses de certains généraux, dont Pétain. Second surnom : « Le Père la Victoire ». Admiratif de la peinture de son ami Monet, c’est un « litchi » tendre à l’intérieur mais rugueux jusqu’au bout des ongles. Séducteur invétéré, tenace, son sens de l’honneur et de l’humour perfide en fait une figure sympathique.


Marguerite Baldensperger, épouse du grand professeur de lettres Fernand Baldensperger, féministe et éditrice chez les maisons Larousse et Plon, elle crée la collection Le livre français en Alsace pour laquelle elle s’adresse à des personnalités, dont Georges Clémenceau. C’est à cette occasion qu’elle se lie d’une profonde amitié et… d’amour avec le Père La Victoire, relatée dans un échange épistolaire de plus de 600 lettres.
Clotilde Benoni, la cuisinière vendéenne veille sur Clemenceau, et bien que son diabète le prive souvent de dessert, cela ne l’empêche pas de faire les louanges de Clotilde, qu’il accuse de l’engraisser et de l’empêcher de fumer. Sa recette du poulet à la soubise ne fait que renforcer son rôle de pilier de la maison. Que feraient-ils l’un(e) sans l’autre ?



Philippe Madral, l’auteur de la pièce Est un chercheur en sociologie et science politique ?… oui, mais ça c’était de 1966 à 1971. Docteur en Histoire. Ca aussi c’est de l’histoire (1970), mais ça marque. Bref, dès 1971, il se met à écrire et à mettre en scène. La mise en scène du Chevalier au pilon flamboyant de A. Domenico lui vaut le prix de l’Humour noir. Il dirige ensuite le Centre dramatique du Nord où il met en scène sa première pièce Dehors Dedans. Il crée ensuite une collection de production théâtrale. A Paris, de 1973 à 1986, c’est une succession de pièces qu’il écrit, met en scène, adapte avec 2 participations au Festival d’Avignon (1980 et 1981). Finalement quoi en 1986, mise en scène de Patrick Chesnais. Et puis… plus rien pendant trente ans…enfin… au théâtre, parce que pour le cinéma et la télé, il écrit moult scénarii, et puis des romans. (Tiens ! à propos, le dernier ( 2020) est un véritable thriller, Une Sorcière à La Cour,). Avec sa femme Jenny Arasse, comédienne, il fonde une compagnie, Le Théâtre du Dedans. En 2007, une nouvelle pièce qu’il met en scène, Effets de nuit. L’œuvre de Madral est publiée aux éditions Actes Sud, stock et Seuil. Aujourd’hui, après La Colère du Tigre, ce sont deux nouveaux duos qui sont en création…oui, encore des monstres sacrés et aussi un sacré monstre. En savoir plus…

Thierry Piguet, le metteur en scène, d’abord diplômé de l’Ecole de Commerce de Genève en 1982, il se forme à l’Ecole d’Art Dramatique Périmony en 1988 à Paris, puis revient à Genève pour mettre son apprentissage au service de son art. De formation classique, par les cours qu’il a suivi, tant de François Baulieu de la Comédie française, que de Rosine Rochette du Théâtre de la Cartoucherie (Ariane Mnouchkine) ou de Dominique Virton (Compagnie Renaud-Barrault), il allie ses connaissances du répertoire et ses compétences techniques acquises ces dernières années, à sa passion du théâtre. Il a joué dans une vingtaine de pièces, dont Le Prince de Genève de J.-C. Blanc, Romulus le Grand de Dürrenmatt, Frédéric de Robert Lamoureux, Drôle de jeu de R. Lapierre, Conversation après un enterrement de Y. Reza, Calderon de P.-P- Pasolini et dernièrement dans Riverside Drive de Woody Allen puis Une Valse pour Genève, spectacle du bicentenaire de l’entrée de Genève dans la Confédération, Votre Maman de Jean-Claude Grumberg. En 2018, il interprète Un Juif pour l’exemple de Jacques Chessex, (en tournée actuellement) et on le voit dans La grande et fabuleuse Histoire du Commerce de J. Pommerat. En 2019, il enchaîne dans le comique tendre avec Momo de Sébastien Thiéry et met en scène Rixe et les Rouquins de J.-C. Grumberg. 2020, au Théâtre de l’Alchimic il joue le père dans Comédie sur un quai de gare de S. Benchetrit. Parallèlement, à cette riche affiche de comédien, il met en scène plus de vingt spectacles de 1988 à ce jour, notamment avec sa Compagnie du Tards, et poursuit une activité de formateur en communication. En savoir plus…

Jean-Pierre Gos, Monet, est un comédien romand de 71 ans qu’on ne présente plus. Diplômé de l’ESAD, sa carrière tant théâtrale, que cinématographique et audiovisuelle est « énorme » comme dirait un camarade nommé Fabrice Luchini Au cinéma, il joue dans plus de quarante films de réalisateurs suisses et internationaux. A la télévision, il participe depuis 1983 à une trentaine de séries. Au théâtre Plus de 50 pièces

Caroline Cons, Marguerite, est une actrice franco-suisse, diplômée du Conservatoire d’Art Dramatique de Genève. Elle complète sa formation pardes stages au Théâtre du Soleil chez Ariane Mnouchkine. Œuvrant aussi bien pour le théâtre que pour la télévision et le cinéma en Suisse, en France et en Belgique, elle alterne les registres et passe de la comédie au drame, du répertoire classique à des oeuvres contemporaines, du théâtre d’auteur aux séries télévisées. Enchaînant les productions théâtrales, elle joue notamment sous la direction de Gian Manuel Rau, Valentin Rossier, Dominique Ziegler, Philippe Mentha, Claude Stratz, Georges Wod. A la RTS, elle est – entre autres – le personnage féminin principal des séries télévisées Paul & Virginie, La Vie de Bureau et La Petite Famille. Elégante et subtile, Caroline Cons joue le rôle de la Marquise de Bruyères dans Fracasse au Château de Grignan en tournée française et au Théâtre de Carouge.
Au théâtre : Quelques spectacles choisis parmi plus de 80 productions.
2025 : UNE CREATION ORIGINALE mes Lorenzo Gabriele Théâtre Les Salons Genève
2025 : FLEUVE Rôle de Clara Schumann Direction Raphaël Merlin l’OCG BFM Genève
2025 : DANS LE TOURBILLON DU ROMANTISME de L. Naville Théâtre Les Salons Genève
2025 : MON VOISIN NU de P. Leconte Assistante mes Thierry Piguet Théâtre Alchimic Genève
2023 : LE MEDECIN SUISSE-ALLEMAND de Samuel Constant mes Jean Liermier
2022 : Reprise de FRACASSE mes Jean-Christophe Hembert, tournée française
2021 : Atelier de création TOUT LE PLAISIR EST POUR MOI, direction Manon Krüttli
2019 : BORIS VIAN/JEAN-LUC LAGARCE mes G. Manuel Rau, Comédie de Genève
2018 : LA BONNE PLANQUE de Michel André, mes Antony Mettler, Boulevard Romand
2016 : LE MENSONGE, SUIVI DU SILENCE de N. Sarraute, mes Valentin Rossier, Théâtre du Grütli
2015 : MADEMOISELLE JULIE de Strindberg, mes Gian Manuel Rau, Théâtre de Carouge
D’autres auteurs, de Sophocle à Jean-Michel Ribbes en passant par
Marivaux, Feydeau, Tchekhov, Achard, Pirandello, Brecht, s’ajoutent à son répertoire.
A la télévision, elle s’illustre par le personnage féminin principal des séries télévisées Paul & Virginie, La Vie de Bureau et La Petite Famille ainsi que dans une vingtaine de téléfilms de la RTS et de France-Télévision.
Au cinéma, on la retrouve dernièrement dans DEMAIN NOUS SERONS
GUERIS de David Ayala et Alexandre Tran.

Daniel Nasr, Clemenceau, a fait ses premiers pas au théâtre en 1964, en amateur au Théâtre de l’Escalier à Nyon. Il y jouera notamment Musset et Goldoni tout en suivant un cours élémentaire et un stage professionnel intensif. Il poursuit par une animation et un atelier-théâtre au Centre de loisirs de Nyon. De 1982 1984 il suit une formation d’art dramatique dispensé par Roland Jay et ses professeurs, ainsi que divers stages de Gérard Demierre. En 1981, il crée la Réplique de Champtaure (Champtauroz de 1981 à 1985 puis Payerne de 1986 à 2010). Il fait partie aussi du GTA à Avenches de 1982 à 1985 et joue dans Les Cérémonies de l’Aube de Carlos Fuentes dans les Arènes en 1983. Dès 2012, il entre au TAP de Prangins puis au GAR de Rolle en 2018. C’est en 2019, qu’il crée le Théâtre du Miroir avec Gil Pidoux. Durant ce demi siècle, il joue dans 35 œuvres de Cervantès à Ramuz en passant par Shakespeare, Jules Romains (rôle de Knock), Courteline, Dürrenmatt, Cocteau, F. Sagan, Jean-Michel Ribbes et aussi dans Un air de Famille de Bacri et Jaoui. Il signe plus de 25 mises en scène dont La Débauche de Marcel Achard, l’Assemblée des Femmes d’Aristophane en 1999 dans la cour de l’Abbatiale de Payerne, Hotel des deux Mondes de E.-E. Schmidt et Théâtre sans Animaux J.-M. Ribbes.

Sonia Müller, Clothilde, comédienne, chanteuse lyrique, a commencé son parcours à 10 ans dans un spectacle musical Le Paresseux (rôle de la fée). Fait partie du Groupe théâtral d’Avenches dès 1969. Elle y jouera jusqu’en 1989 (Molière, Feydeau, Obaldia,) et participera aux spectacles Davel (1976) et Divico (1988) dans les arènes. En 1984, elle met en scène Noces de Sang de Federico Garcia Lorca, où un jeune de 20 ans, Vincent Perez, décide de se lancer dans la comédie. En 1980, des cours de chant au Conservatoire de Fribourg lui ouvrent la porte du lyrisme. Après le Duo des chats de Rossini, à la Revue d’Avenches, elle chantera dans les chœurs de l’Opéra de Fribourg et de l’Opéra de Lausanne ainsi qu’à l’Opéra des arènes d’Avenches Mozart, Puccini, Monteverdi, Verdi, Bellini, Bizet, Gounod et Offenbach. Co-fondatrice du Théâtre du Miroir.

Chantal Huguet, assistante de mise en scène …oui, c’est bien elle qu’on a vu jouer Melissa dans Love Letters en automne 2019, déjà au Beaulieu, à Payerne, avec le Théâtre du Miroir. Cette fois, elle assiste le metteur en scène, fonction qu’elle a parfois remplie dans le passé. Rappelons qu’elle a suivi divers stages donnés par Gérard Demierre (bases de la commedia del arte), Jacques Gardel (spectacle de rue), Augusta Boal (Théâtre de l’Opprimé), le mime Amiel (stage de cirque), ainsi que des cours d’improvisation et d’expression orale (Ligue de La Tour-de-Peilz, Le Corporal). Co-fondatrice, avec Daniel Nasr, de La Réplique de Champtaure en 1981 (la troupe sera payernoise de 1986 à 2010). Elle y joue dans Les Jours Heureux Cl.-A. Puget, Treize à Table de M.-G. Sauvageon et Rêvalité, montage poétique et théâtral. Si elle joue aussi au Théâtre de l’Ecrou à Fribourg dans Les Larmes du Crocodile de Tenessee Williams, Chantal sera notamment active au Groupe Théâtral d’Avenches. Elle réalise diverses animations et mises en scènes .